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Rhizoctonia mucoroides, dessin
de Noël Bernard
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NOËL
LEON BERNARD (1874-1911)
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-DECOUVERTE DE LA GERMINATION
SYMBIOTIQUE DES ORCHIDEES-
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Botaniste
français. Noël Bernard suivi des études très
brillantes à Paris, d'abord au Lycée Charlemagne, puis
au Lycée Condorcet. Il fut admis comme major à l'âge
de 20 ans à l'Ecole Normale Supérieure et dans le même
temps avait aussi réussi le concours d'entrée à
l'Ecole Polytechnique. Il décrocha ses licences en sciences
physiques, en mathématique et en science naturelle En 1898
il fut reçu major à l'Agrégation de Sciences
Naturelles (dans le cadre de sa préparation à l'agrégation
il fut chargé de donner une leçon sur les orchidées,
le sujet tomba à l'écrit du concours). Il suivit également
une formation à l'Institut Pasteur.
En mai 1899, caserné à Melun pendant son service militaire
et alors qu'il effectuait une promenade dans la forêt de Fontainebleau,
il fit une découverte déterminante, en l'occurrence
quelques centaines de graines d'une orchidée terrestre en cours
de germination. En observant attentivement ces graines il s'aperçut
qu'elles étaient contaminées par les filaments mycéliens
d'un champignon et il en déduit que la présence de ce
champignon favorisait la germination. Il fait immédiatement
une communication sur ce sujet à l'Académie des Sciences
de Paris. Poursuivant ses investigations il observa la présence
de champignons endophytes chez toutes les orchidées et il exposa
le résultat de ses travaux en 1901 lors de sa thèse
de Doctorat.
Jalousé par des confrères plus âgés, dont
Gaston Bonnier qui le surnommait l'homme aux tubercules et qui n'appréciait
pas sa franchise, il fut nommé loin de Paris à l'institut
botanique de Caen. Commentaire de Gaston Bonnier : " C'est là
que vous resterez pour toujours, et c'est tout ce que vous méritez
".
Heureusement soutenu par le directeur de l'institut botanique de Caen,
le paléontologiste Octave Lignier, qui alla jusqu'à
lui faire construire une petite serre pour élever ses cultures,
Bernard put poursuivre ses recherches. |
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En 1905, lors d'une conférence
au siège de la Société Nationale d'Horticulture,
rue de Grenelle à Paris, il fît connaître la
technique employée pour le prélèvement du champignon
et le semis des graines, montrant qu'un même champignon pouvait
faire germer des espèces différentes d'orchidées,
telles que Cypripedium (Paphiopedilum), Cattleya, Laelia etc...,
alors que les Phalaenopsis ne germaient qu'avec le champignon extrait
de leurs racines ou de celles de Vanda. On était endroit
d'espérer que cette communication aurait attiré l'attention
des amateurs et des praticiens; c'était commettre une erreur.
Rares furent ceux qui en comprirent l'importance ce qui fit dire
à Noël Bernard, quelques années plus tard, au
cours d'une conférence qu'il fit à l'occasion du centenaire
de la Société Royale d'Horticulture et de Botanique
de Gand où il traita cette même question :
"En vérité, en France, certains horticulteurs
me crurent trop peu, dit-il, alors je montais mes cultures, j'exprimais
mon espoir d'être utile aux praticiens et depuis j'ai connu
la maxime dont on instruisait mon enfance, à savoir qu'il
est bon de tourner 7 fois sa langue dans sa bouche avant de parler
sans qu'on vous interroge".
En Belgique, le succès du conférencier fût complet.
L'article consacré à la conférence sous le
titre " La culture des orchidées dans ses rapports avec
la Symbiose" qui parut cette même année en Belgique
fût aussi publié en France au journal de la Société
Nationale d'Horticulture...........en 1923.
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La serre de Noël
Bernard à Caen
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Notons qu'au début de
ces travaux, Noël Bernard ne voulait pas croire à la symbiose
chez les orchidées. En 1904 il combattait cette version et admettait
que les orchidées se comportent comme des plantes normalement intoxiquées
par des parasites dont jamais elles n'arrivent à se débarrasser
de manière définitive. Il définissait la symbiose
comme un état de maladie grave et prolongée.
En 1908, Bernard est nommé professeur à l'Université
de Poitiers. Atteint par la tuberculose il décède prématurément
en 1911 à l'âge de 37 ans.
En 1935, André
Guillaumin lui dédicace un des derniers croisements de
Gaston Bultel le Rhynchanthe Bernardii (Papilionanthe teres x Rhynchostylis
retusa).
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Dès 1902 Noël
Bernard pensait que la germination sans la présence d'un champignon
étaitt réalisable et il fit des expériences dans ce
sens, avec succés après quelques années d'essais, mais
il n'y aura pas de publication. C'est Knudson
qui fera la première communication sur ce sujet. Lorsque ce dernier
fit paraître le résultat de ses travaux sur les semis asymbiotiques
ils furent néanmoins perçu comme une attaque contre les travaux
de Noël Bernard par Joseph Magrou, cousin de ce dernier et par Julien
Noël Costantin, maître de Noël Bernard. Costantin prétendit
que les semis de Knudson ne pourraient jamais fleurir et que l'absence de
symbiose léserait la croissance de la plante. Puis, devant l'apparition
des premiéres fleurs, il affirma que celles-ci ne fleurissaient que
parce que les plantes avaient été envahies pendant leur vie
d'adulte. |
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Joseph Magrou (1883-1951)
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Julien Noël Costantin
(1857-1936)
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Liste non exhaustive des Publications
de Noël Bernard |
1899 -
Sur la germination du Neottia nidus-avis. Comptes Rendus des Séances
de l'Académie des Sciences de Paris, 128 (15 mai 1899)
1900 - Sur quelques germinations difficiles. Revue Générale
de Botanique, 12
1900 - Sur la tuberculisation précoce chez les végétaux.
Comptes Rendus des Séances de l'Académie des Sciences de Paris,131
(15 octobre 1900)
1902 - Etudes sur la tubérisation
Revue Générale de Botanique, XIV, 1902.
1902 - Infection et tubérisation chez les végétaux.
Revue Générale des Sciences pures et appliquées, 15
janvier 1902
1902 - Conditions physiques de la Tubérisation chez les végétaux.
Comptes Rendus des Séances de l'Académie des Sciences de Paris,135
(27 octobre)
1902 - Mécanismes physiques d'actions parasitaires. Bulletin Société
Linnéenne de Normandie,5e Série, 6e Vol., 1902
1903 - La germination des Orchidées. Comptes Rendus des Séances
de l'Académie des Sciences de Paris, 137 (21 septembre 1903)
1904 - Le Champignon endophyte des Orchidées. Comptes Rendus des
Séances de l'Académie des Sciences de Paris, 138 (28 mars
1904)
1904 - Recherches expérimentales sur les Orchidées. Revue
Générale de Botanique, XVI
1905 - Nouvelles espèces d'endophytes d'Orchidées. Comptes
Rendus des Séances de l'Académie des Sciences de Paris, 140
(8 mai 1905)
1905 - Action des microorganismes sur la germination des graines d'Orchidées.
Journal de la Société Nationale d'Horticulture de France,
4e Série, VI (juin 1905)
1906 - Symbioses d'Orchidées et de divers Champignons endophytes.
Comptes Rendus des Séances de l'Académie des Sciences de Paris,
142 (2 janvier 1906)
1911 - Sur la fonction fongicide des bulbes d'Ophrydées. Annales
des Sciences naturelles, 9e Série, Botanique, vol. XIX |
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Dessins de Noël Bernard
extraits de L'EVOLUTION DANS LA SYMBIOSE, LES ORCHIDEES ET LEURS
CHAMPIGNONS COMMENSAUX, dans ANNALES DES SCIENCES NATURELLES
en 1909.
Planche de droite, explication.
Fig.1 Aspect extérieur de la
graine Gr.= 75
Fig.2 Aspect extérieur d'un
embryon gonflé, quelques jours après le semis sans
champignon. Gr.=75
Fig.3 Aspect extérieur
d'un embryon semé depuis trois mois, sans champignon. Gr.=75
Fig.4 Représentation
diagrammatique d'une coupe médiane dans un embryon, dix jours
après l'infestation par le Rhizoctonia mucoroides. La zone
infestée est ombrée. L'embryon est déjà
dissymétrique, on voit apparaitre les premiers poils protecteurs
au voisinage du sommet végétatif Gr.=75
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Fig.5
Coupe longitudinale médiane dans un embryon infesté
depuis 50 jours par le Rhizoctonia mucoroides. Les cellules infestées
par le champignon sont représentées schématiquement,
de façon cependant à distinguer celles qui contiennent
des pelotons de mycélium en bon état de celles où
les filaments mycéliens plus ou moins digérés
sont agglomerés en corps de dégénérescence.
Gr.=75
Fig.6 à 12 Plantules de
divers âges obtenues dans mes cultures. Gr.=6
Fig.6
Embryon après plusieurs mois de culture sans champignons.
Fig.7
Plantule un mois après l'infestation.
Fig.8
Plantule deux mois après l'infestation.
Fig.9
Plantule trois mois après l'infestation.
Fig.10
Coupe transversale dans cette plantule, intéressant la partie
antérieure de la région infestée i qui
est ombrée, f, faisceau procambial.
Fig.11 et 12 Plantules obtenues
cinq mois après l'infestation des graines; R, premières
racines.
Fig.13 Phalaenopsis sp. Partie
antérieure d'un protocorme comparable à celui de la
figure 8, montrant la saillie de la crête dorsale C et la disposition
des poils protecteurs ou absorbants. Ce protocorme est vu obliquement
par sa face ventrale. Gr.=52 |
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